blasphème --

 
ocean austin
it's a fucked up life (c) tumblr

prénom tu as toujours cru que maman était celle qui vous prénommait. en caresse légère sur son ventre, elle vous l'offrait en écoutant votre coeur raisonner dans la pièce, contre ses doigts. est-ce qu'elle a vu juste en t'offrant la douceur en effigie ? ocean de tous les autres prénoms possible.   nom il y a onze ans de ta vie, tu t'es cru heureux d'arborer un tel patronyme. austin. parce qu'il n'était que chaleur et souvenirs ensoleillés. puis t'as commencé à fracturer la porcelaine sur les murs en réaction au malheur injuste qui vous a saigné jusqu'à l'insensibilité.   âge un adulte qui a du mal à prendre des décisions d'adultes. comme si tu t'étais fracassé le crâne trop souvent sur le bitume et que tu ne parvenais plus à réfléchir. à être logique. à avancer comme un jeune homme de vingt-quatre ans devrait le faire. date et lieu de naissance comme les autres austin, tu n'as connu que la nouvelle-orléans. le même plafond crasse de nicotine. les mêmes faciès creusés par la mortalité et par le bonheur synthétique. tu prends même plus la peine de fêter l'treize février. peut-être parce que t'as trop peur de franchir le cap du quart se siècle et d'avoir officiellement rien fait de tangible de ta petite vie. origines et nationalité le rêve américain falsifié. pas dans le bon état, ou pas dans la bonne famille. t'aurais aimé t'essayer ailleurs. savourer une nouvelle air. mais il y a l'argent qui se froisse dans tes poches et qui se perd dans le vent.   occupation les portes se barrent et la vie se meurt. tu sors le trousseau de clé et tu pénètres dans l'établissement. il n'y a personne pour t'emmerder. personne pour t'entendre pleurer. sauf peut-être les agents de sécurité. mais t'es concierge, pour l'instant. là où votre compagnie se fait embaucher. situation amoureuse complètement éclaté, impunément impossible. loin d'aimer ton reflet, amour incomplet pour les autres. mais tu te fais de faiblesse devant les regards qui s'attardent trop.  t'analyses mal le langage silencieux et tu te confonds en excuses. tu mériterais peut-être un jour de te poser. orientation sexuelle t'as rapidement compris qu'aimer, c'est pas dans les sous-vêtements que ça se fait. c'est au niveau du coeur. au niveau de la tête. au niveau du confort et du respect. c'est peut-être pour ça que toi, tu ne te poses pas. ni contre le coeur d'une demoiselle, ni contre l'échine d'un homme. parce que tout ça, tu ne l'as jamais officiellement vécu.    situation familiale inexistante ? en lambeau ? en fraction de vitre lacérante sur le sol ? parfois, t'espères pas fermer les yeux trop longtemps, parce que tu vois ton passé en éclat brûlant. ça te réchauffe assez pour t'dire que tu as déjà été un gamin normal, dans une famille bancale. puis maman, elle est partie. trop courageuse, trop forte. elle est morte. et papa, il est mort mentalement dans l'instant. t'étais jeune. tu avais que quatorze pige. et t'as l'impression d'suffoquer depuis. entre austin, ça fait de son mieux. mais c'est cassé jusqu'à la moelle. situation financière difficile. tu perds ton boulot après trois jours, disons que t'as jamais la richesse escomptée à la fin de la semaine. ce pourquoi tu te rabats sur une colocation et que tu grignotes ce qui ne t'appartient pas forcément. tu gères, en vrai. t'as toujours trouvé le moyen de te débrouiller sans te retourner vers ton père. d'toute, tu te butes toujours à une porte fermée. groupe lost soul votre avatar jacob bixenman

quelques informations

tu étais le soleil que même les jours ne pluie n'effaçaient pas. l'enfant aux mains pleine de boues et toujours prêt à montrer le dernier insecte ou amphibien découvert. tu amenais des fleurs arrachés sur le terrain des voisins et tu ramenais des graines le lendemain pour rectifier tes erreurs. il t'arrivait souvent de faire des petites erreurs insensibles de ce genre et tu venais t'excuser la tête basse et les mains dans le dos. alors que maman ou papa se tenait sur le trottoir. tu étais un enfant avec la simplicité d'un enfant. avec l'innocence d'un enfant. il n'y avait aucun doute que tu allais grandir comme quelqu'un d'avenant. comme une main tendue et un coeur tout droit dans la paume de celle-ci. il n'y avait aucun doute.

maman enterrée. papa l'dos tourné. la nounou qui fait de son mieux. le ocean que tout le monde connait a commencé à se dessiner là. les vagues ont commencé à frapper fort. la tempête a commencé à se préparer. t'es devenu un lost soul à quatorze ans. lorsque les adultes ont commencé à ne faire qu'un avec l'oubli. alors tu as commencé à crier, jusqu'à ce qu'on ne t'entende plus. jusqu'à ce tes cris se transforment en cicatrice. ton sourire s'est transformé en mâchoire crispée. un jour tu te réveillais avec un léger sentiment de chaleur. puis tu te rendais dans le silence de la cuisine. dans l'odeur des crêpes qui n’imprègnent plus l'air. la petite radio laissée fermée et abandonnée. et tu ouvrais un tiroir d'ustensile que tu laissais tomber au sol. la rage qui ne diminue pas.

les adultes ont commencé à parler. et un soir, la nounou elle t'a donné quelques comprimés. elle disait que ça allait te faire sourire. mais toi, tu n'avais pas envie de sourire. parce que tu allais devenir comme tout le monde. mais t'étais comme personne. tu ne voulais pas te fondre à ces masses rayonnantes. alors tu repoussais les médicaments. le lendemain, ils furent mélangés à ton eau. et c'est la première fois que tu te rendais à l'extérieur, depuis longtemps. tu n'allais pas mieux. tu n'as jamais pu répondre ça va depuis cet âge-là. même si finalement, t'as pu vieillir comme un petit garçon normal. qu'est-ce que la normalité, vraiment ?

t'es devenu adulte. et t'es redevenu malheureux. drastiquement. parce qu'on ne pouvait plus te fournir en stupéfiants pharmaceutiques. alors qu'est-ce que tu as commencé à faire ? tu as commencé à faire semblant de bien aller. à faire semblant d'aimer te réveiller et profiter du soleil. t'as commencé à ne faire qu'un avec ta tête et cesser d'extérioriser. à la place, tu t'es transformé en boule d'angoisses et de terreurs d'enfants. encore la peur de voir les dos se tourner ou les gens que t'aimes crever. alors t'as recommencé à crier après tout le monde, même si tu voulais tout le monde auprès de toi. t'as recommencé à avoir des sauts d'humeur instables qui font sûrement plus mal au autre, qu'à toi-même. t'as arrêté de traiter ton problème, en disant que tu n'en as aucun. que les adultes ont formé ton problème. ils l'ont fait prendre vie. il n'existe pas. tu prends ta tête entre tes mains. et tu pleures.

le lendemain, tu es à une fête et tu embrasses la première fille qui passe. effluve d'alcool sur le collet, rire qui ricochent sur les murs. tu enlaces et tu aimes les parfums qui passent sous ton nez. tu trinques à rien. tu danses et tu chantes et la vie ne semble plus saigner sur tes rétines. elle ne saigne plus dans la porcelaine du bain ou de l'évier. et lorsque tu sors à l'extérieur que les voix diminuent. l'histoire recommence. la spirale émotionnelle. tu fermes les yeux, et t'arrives plus à te guider. t'as envie de t'accrocher à une main et te laisser aller. ou faire un pas de plus dans la rue et plus rien espérer. t'es égaré ocean. mais faut surtout que tu recommences à te traiter.

welcome, cutie pie.